Leïlat Al-Qadr

Jeudi 07 Juin 2018-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Leïlat Al-Qadr, c’est la nuit bénie qui fut honorée par la Parole de Dieu et fixée entre les 26 et 27 du mois de Ramadan. Ce fut la nuit de la Révélation telle qu’elle est décrite dans le Coran.

«Nous avons fait descendre le Coran dans la nuit d’Al-Qadr. Qui te fera connaître ce que c’est la nuit d’Al-Qadr? La nuit d’Al-Qadr vaut plus que mille mois. Dans cette nuit les anges et l’esprit descendent dans le monde avec la permission de Dieu pour régler toutes choses. La paix accompagne cette nuit jusqu’au lever de l’aurore». (Coran, sourate XCVIL, traduction de Kasimirski).

Ce soir-là, perdu dans sa méditation, le prophète Mohamed s’endormit. «Gabriel me présenta, alors que je dormais, un tapis de soie orné d’écritures et il me dit: Lis».

«Que dois-je donc lire?, lui répondis-je. Il m’étreignit trois fois et si fort que je crus mourir, puis il me dit: Lis au nom de ton Dieu qui a tout créé, qui a créé l’homme d’un grumeau, lis et ton Dieu est immensément généreux, il a appris à l’homme à se servir de la plume et l’instruisit de ce qu’il ne savait pas».

«J’ai récité ce que je venais d’entendre et il partit».

«Je me suis réveillé sentant que ces mots étaient gravés dans ma mémoire».

Et le Prophète poursuit son récit: «Alors j’ai quitté la grotte (où je m’étais endormi) et quand je fus au milieu de la montagne, j’entendis une voix me dire: Ô Mohamed, tu es l’Envoyé de Dieu et je suis Gabriel. Ayant levé la tête vers le ciel, je vis à l’horizon, debout, l’ange sous une forme humaine. Je le regardais sans bouger, et n’importe où je me retournais, je l’apercevais. Puis il disparut et je revins à la maison».

Tel est le récit de cette nuit bénie que nous a transmis le prophète Mohamed. Leïlat Al-Qadr, appelée encore «nuit du destin», est celle où la destinée de chaque croyant est fixée pour l’année à venir.

 

Le canon de Ramadan bientôt, pour la dernière fois

Dans quelques jours, le canon du mois de Ramadan ne se fera plus entendre, lui qui chaque soir annonçait la rupture du jeûne et le moment de l’iftar.

Bientôt pour la dernière fois, le messaharati fera résonner son tambourin pour réveiller les croyants et les inviter à prendre un dernier repas, le sohour, avant l’aube qui apporte avec elle une nouvelle journée de jeûne.

Bientôt pour la dernière fois, le «saqa», le présentateur d’eau traditionnel, remplira ses gargoulettes au coin des rues afin de permettre aux passants de se rafraîchir dès l’annonce de la rupture du jeûne et pendant toute la nuit.

Bientôt pour la dernière fois, le chant des enfants se fera entendre alors qu’ils circulent dans les rues en portant leurs fanous du mois de Ramadan.

Bientôt pour la dernière fois, le silence impressionnant qui s’étend sur la ville au moment de l’iftar ne sera plus, car la vie se poursuivra avec les bruits ordinaires de chaque jour de l’année.

Bientôt, ce sera la fête, alors que du haut des minarets se fera entendre le chant solennel de «Allah Akbar», Dieu est Grand, qui marquera la prière d’action de grâces pour la fin du mois de Ramadan et les célébrations du Petit Baïram, ainsi que le dit le Coran: «Dieu veut que vous le glorifiez de ce qu’il vous dirige dans la droite voie; il veut que vous soyez reconnaissants» (Coran II: 181).

Jeunes et vieillards, cheikhs et imams, tous chanteront en ce matin de fête la gloire de Dieu, car il est Grand et Miséricordieux. Pendant trente jours, cette fête aura été attendue dans le jeûne et la prière, pendant trente jours, les croyants se seront préparés à cette reconnaissance envers Dieu et à le glorifier.

Le mois de Ramadan s’achève et avec lui disparaissent ses personnages caractéristiques, ses lumières, ses chants et ses joies.